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LE VAISSEAU DES ILLUSIONS

Une toute jeune fille appuyée sur un vélo m’observe.
Son regard est inquisiteur, presque froid. Qu’a-t-elle déjà vu pour avoir ce regard-là ?
Il n’est pas hostile, non. Mais elle est méfiante. Il n’est pas hostile, puisqu’elle a posé pour l’artiste. Mais elle se méfie.

Cet homme, là , avec son appareil , jusqu’où ira-t-il dans la lecture de son âme ? Et que fera-t-il de son image ?  Et elle est là, majestueuse, appuyée sur sa machine. Fière ! Pas hautaine, mais fière d’être qui elle est, fière de ses possibilités incommensurables, que cet étranger ne soupçonne peut-être même pas.  Le monde lui appartient, et elle le domine.

Si tu ne peux donner à tes enfants les meilleurs choses du monde, donne-leur le meilleur de toi même

H. Jackson Brown

L’enfant est un génie par nature. Il change sa façon de penser très tôt, très vite, lorsqu’il doit se débarrasser de vieilles habitudes pour grandir. Dans son paysage en construction l’enfant en manque de créativité ne s’émancipe pas, il est comme un diaphragme duquel la lumière passe mal. Les impossibles qu’il rencontre et causent sa rupture sont souvent liés aux limites et aux interdits d’adultes en manque d’imaginations. Alors les enfants regardent ce monde comme un jardin paisible constamment chahuté par les initiatives bizarres d’adultes frustrés. Alors pour rassurer les enfants de leurs inquiétudes on a fait peindre, sur le vaisseau des illusions, des bateaux de sauvetage en trompe l’œil. Cela paraît  rassurer de loin, de prêt ça sent l’arnaque. Laissons les enfants grandir sans triche sur le vaisseau des illusions. Au pire ils feront échouer les anciens et dériver les jeunes, au mieux la tempête traversée les guidera sur un horizon plus lumineux. Mais il faut cesser de vouloir donner aux enfants les meilleurs choses du monde. Donnons leur le meilleur de nous même et le vaisseau ne s’en portera pas plus mal.